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 05 - Quelque part dans les campagnes berrichonnes...

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AuteurMessage
Iryah




Nombre de messages : 28
Date d'inscription : 21/11/2006

05 - Quelque part dans les campagnes berrichonnes... Empty
MessageSujet: 05 - Quelque part dans les campagnes berrichonnes...   05 - Quelque part dans les campagnes berrichonnes... Icon_minitimeMar 21 Nov - 4:43

(petit texte explicatif, afin d'éclairer cette longue absence tout autant que ce brusque retour
http://forum.royaumesrenaissants.com/viewtopic.php?p=4643436#4643436)

La jeune femme, au comble du bonheur, alors que ses fiancailles avaient été célébrées, avait enfin réussi à repousser loin d'elle ces vestiges de cauchemar qui la hantait depuis tant de temps.

Un doux sourire aux lèvres, elle harpentait joyeusement les ruelles de Fougères lors d'une de ces promenades, dans son village, sa "petite patrie". Malgré les doutes, malgré les peurs... malgré l'écrasant devoir qui semblait vouloir la priver de la présence si douce et si tendre d'Iziledur, Iryah savourait ce présent enchanteur.

Au détour d'une ruelle, pensive et rêveuse, Iryah s'enfonça plus que de coutume. Ce coin lui était inconnu, mais, dans l'euphorie du moment, tout lui semblait merveilleusement parfait : le danger, quelqu'il soit, lui semblait tout simplement impossible.

Impossible...

Impossible, la violente nausée qui l'assaillait soudain, lui crispant le ventre et brisant sa bulle de rêves. Pourquoi ce malaise?
Inquiète, Iryah décida de retourner quelques temps dans son ancienne demeure, loin de l'agitation de la cour, au calme. Cette décision, prise sur un coup de tête, lui sembla alors la meilleure... Mais alors qu'elle se retournait pour rentrer chez elle, elle se rendit compte qu'elle s'était égarée.

Egarée? Impossible! Dans son village, celui qu'elle connaissait si bien!...
Regardant autour d'elle, elle se rendit compte avec horreur que ses rêveries l'avaient menée si loin qu'elle ne distinguait plus les lueurs des villes... Où était-elle?
Affolée, elle commença a paniquer, marchant dans un sens, puis revenant sur ses pas, hésitant longuement...

Etait-ce la panique ou autre chose? Ses nausées revenaient, plus fortes...
Alors qu'elle se laissait glisser au sol, les mains croisées sur son ventre douloureux, elle n'entendit pas les bruits de pas sourds se glisser derrière elle.

Impossible... Impossible le hasard de cette rencontre.
Mais ce n'était pas un hasard. La haine et le plaisir sauvage qu'elle lu dans les yeux de son agresseur lui firent l'effet d'un poignard... et son coeur sembla éclater dans sa poitrine lorsque, à la lueur de la lune, elle reconnu ces traits.

Impossible!
Comme refusant la réalité et la douleur physique qui la harcelait, l'esprit d'Iryah se coupa du monde : elle sombra, brusquement, presqu'avec soulagement, dans l'obscurité sécurisante de l'inconscience.


*******

La lueur traversa l'écran de ses cils, et caressa son esprit. Doucement, lentement, la jeune femme laissa le jour pénétrer sa conscience.

Battant des paupières, elle regarda autour d'elle, se redressant sur ses coudes avec prudence.
Etrangement, son corps lui semblait lourd, très lourd, et ... différent. Ses membres, enkilosés comme s'ils n'avaient pas servis depuis longtemps, et ce poids sur son estomac!...

Baissant les yeux, Iryah vit les rondeurs de la vie couronner son abdomen : enceinte... et pas qu'un peu!

L'esprit brumeux, elle battit encore des paupières, essayant de rassembler ses souvenirs...


NOOOon!

Ce cri lui échappa tandis que lui revenaient des bribes de souvenirs, tantôt précis, tantôt diffus, tous emprunts de la même douleur, sous ce regard haineux qui avait accompagner sa chute dans l'inconscience.

Autour d'elle, le silence fit place a un petit bruit précipité de pas.
Une vieille femme ridée entra et sourit de soulagement en voyant la jeune femme éveillée.


Ah, la belle! Vous voila enfin réveillée! Ne bougez pas. De toute façon, vous ne pouvez pas.
Voyons, voyons, vous n'espériez tout de même pas vous lever ainsi après tous ces mois d'inconscience non?
Allons, petite... quelle est votre nom?

Abassourdie, Iryah observa la vieille femme qui s'activait joyeusement à ses côtés.
Des mois?...
Posant un regard ahuri sur son ventre tendu, la jeune femme mis quelques minutes a répondre, d'une voix rauque et fatiguée.


Qu... qui êtes-vous?

La vieille femme se retourna, hochant la tête d'un air appréciateur.

Vous pouvez parler! C'est déjà ça!
Je suis mamie Nanou, c'est ainsi que les gens m'appellent par ici, quand ils ne me donnent pas du "vieille sorcière" ou "intrigante du démon".

Elle parti d'un petit rire indulgent, plein d'une douce gentillesse tranquille.
Et vous, mon enfant?

Iryah l'observa, s'apprétant à répondre à cette femme si pleine de vie... lorsqu'elle se rendit compte qu'elle ignorait la réponse. Tremblante, sous le choc de toutes ces révélations, de son réveil et de sa fatigue physique, elle répondit :

Je... je ne sais pas...

Alors que les larmes menaçaient de la noyer, la vieille femme tapota doucement sur son épaule, l'incitant à se recoucher, avec une sollicitude toute maternelle.

Ce n'est rien, bout de choux.
Tiens, avale-ça.
Laisse-moi te raconter un peu comment tu es arrivée ici, et tu retrouvera peut-être qui tu es.

Lui tendant un potage chaud et humant bon les légumes frais, la vieille femme tutoyais maintenant sa jeune patiente avec bonhommie, entamant son histoire d'un air guilleret.

******

Tu es arrivée ici il y a 6 mois.

Honnètement, tu n'avais pas bonne mine, ma petite. Je pense que quelqu'un n'a pas été très tendre avec toi. Tu étais couverte de bleus, et ta robe... quelle charpie! Pauvre petite...
Mais ne t'inquiète pas, ce sont des femmes qui t'ont trouvées.
Tu as eu de la chance, petite, qu'on t'ai trouvée si vite, sans quoi, toi et le bébé vous y passiez, tu sais?
Au fait, tu connais le père de cet enfant? Je crois que tu étais déjà enceinte avant de... enfin... Oh, je suppose que si tu ne connais pas ton nom, le père ne doit pas non plus t'inspirer grand chose,mh?

Bon, où en étais-je?
Ah! oui, donc nous t'avons trouvée il y a à peu près 6 mois, quelque part dans les champs. Je ne t'avais jamais vue par ici, es-tu du coin?

D'un mouvement de sourcils, Iryah fit comprendre qu'elle ne disposait pas non plus de cette information.

Je vois...La vieille poussa un soupire. Tu es ici dans le Berry, dans un petit hameau perdu, pas loin de Saint-Aignan. Tu connais Saint-Aignan? Non? C'est le plus gros village des environs.

Je t'ai prise à mon domicile parce que toutes ces idiotes de bonnes femmes pensaient que tu étais maudite. Maudite! Toi! Une si jolie jeune femme!
Je t'ai nourrie comme un nourrisson : dans ton inconscience, tu te nourrisais par réflexe dès que je portais la soupe a tes lèvres... ce qui s'est averré très pratique!

Au bout de quelques semaines, j'ai vite compris que je nourrissais non pas une, mais deux vies! Quelle surprise! La vieille femme rit d'un rire chaleureux et vif.
Je crois que c'est une petite fille. M'enfin, on ne tardera plus à le savoir, pas vrai?
Tu devrai accoucher d'ici un mois et demi, d'après nos estimations.

Je me demande ce qui a pu t'endormir si longtemps, petite princesse.Elle dit ça sur le ton de la plaisanterie, aidant Iryah a se nourrir.
Bon! Je suppose que maintenant, avec le temps, tes souvenirs te reviendront.

Ne t'inquiète pas, va, petite. Tu peux rester ici autant de temps qu'il faudra pour reprendre des forces et retrouver qui tu es. Et puis, ce petit bout de choux va avoir besoin d'une maman solide pour l'aider, n'est-ce pas?
Ne t'inquiète pas, mamie Nanou va vous aider...

Son sourire chaleureux parvint quelque peu a appaiser les sursauts étonnés du coeur d'Iryah, encore sous le coup de l'histoire qui venait de lui être contée... Baissant à nouveau les yeux sur son ventre, Iryah posa une main tremblante sur la vie à naître qui fleurissait en son sein.
Un sourire hésitant fleurit sur ses lèvres, alors même que des larmes de tristesse cascadaient sur ses joues.



******


Deux mois s'étaient écoulés, paisiblement, dans ce petit hameau perdu du Berry.
Lentement, Iryah avait recouvré ses forces, puis des bribes de souvenirs.
Peu à peu, elle se mit à aider la vieille femme dans ses tâches quotidiennes, se découvrant un goût et un talent pour la cuisine et le chant.

Prises d'accès de chaleur et de raideur, sa grossesse tardait à se conclure et la fatiguait chaque jour un peu plus.

Ce jour là, comme tous les autres, Iryah s'était levée de bonne heure pour aider la vieille femme a nourrir ses animaux.
Brusquement, un élancement la fit tressaillir jusqu'à la moëlle de ses os : la douleur lui arracha un petit cri de protestation.
L'oeil aiguisé de la vieille femme se posa sur elle, vivement, et un petit sourire victorieux fleurit sur son visage.


Il est l'heure, ma belle! Nous allons avoir de la visite.

Le souffle court, les yeux écarquillés de surprise, Iryah porta les mains à ses reins pour mieux soulager son dos et ses douleurs, tandis que la vieille femme l'aidait à retourner s'installer sur sa couche.

Le travail fut long et épuisant, et au bout de 12 longues heures, le monde accueillit enfin une petite bouille, hurlant son mécontentement avec une vigueur qui fit sourire fièrement Iryah.
Exténuée, elle pris l'enfant tout contre elle et la berça. C'était bien la fille que mamie Nanou lui avait prédit.

Son enfant... Quelque chose au fond d'elle lui donnait la certitude que cette enfant était celui de l'amour, et non de l'horreur qui l'avait rendu presque amnésique.
Sa fille...Leur fille...


Izéis.

Quelque chose dans ce nom lui donnait l'écho d'un bonheur sans nuage, d'une chaleur au creux de son coeur...
Izéis...
Quelque chose dans ces lettres avait le goût de la mer et de la liberté, la force et la fierté d'un profil découpé sous une pluie fine, à la lueur d'une pleine lune.

Izéis...

Les souvenirs la fuyaient déjà. Avec un sourire plein de regrets et de tendresse, Iryah berça encore l'enfant et s'endormit enfin de fatigue.


******

C'était un cri d'horreur, un cri de désespoir à vous glacer les sangs.
Ce cri, si dur, si pur, émanait-il de sa gorge à elle?

Elle baissa ses yeux brulants de larmes sur le corps inanimé qu'elle tenait entre ses mains.
Le secouant avec une tendre prévenance, cherchant désespérément des signes de vies, la jeune femme serra contre elle l'enfant à jamais endormie.

Où étaient passé les rires et les gazouillis de ce trésor qui était devenu sa raison d'être?
Où étaient passé les sourire malicieux de ce petit bout de femme, du haut de ses quelques mois?

Là, entre ses mains rougissantes, ce ne pouvait pas être sa fille, sa merveilleuse Izéis.

Laissant glisser ses yeux au sol, Iryah rencontra pour la centième fois le corps brisé de la vieille dame qui l'avait accueillie.
Cette vieille femme qui, il y avait encore 2 heures, lui souriait en agitant les bras de sa fille pour lui souhaiter une bonne promenade.

Maudite...maudite...

Iryah d'Elune, car elle savait son nom désormais, était maudite.
Et la vue de ces corps meurtris et rendus éternellement silencieux, Iryah sentit le flot de ses souvenirs briser la barrière de son amnésie.
Brutalement, comme un fleuve furieux, les souvenirs étaient en train de refaire surface : Iziledur, le château, Fougères... et bien avant cela, les souvenirs d'un massacre à Dieppe, celui de ses parents adoptifs, de son village... les souvenirs de sa fuite et... de ses agresseurs!
Ceux-là même qu'elle avait reconnu cette nuit là...

Les larmes, amères, continuaient de glisser de la mère a la fille, tandis que les souvenirs, impitoyables, l'assomaient.
Voila la raison de son amnésie... elle n'avait pas supporté de revivre ces horreurs en revoyant ce visage tant haït.
Et, tandis que son coeur se brisait, elle réalisa alors l'énormité de sa perte : Iziledur... son amour... le père de sa fille...
Voila maintenant plus d'un an qu'elle n'avait plus donné signe de vie, et elle était presque certaine de l'avoir perdu à jamais.
Lui... et elle venait de perdre leur fille, son trésor, son cadeau.

Un long sanglot la secoua, tandis qu'elle serra contre elle le corps inerte d'Izéis.


******

Il lui avait fallu plusieurs jours pour secouer sa torpeur de deuil et ensevelir dignement mamie Nanou et Izéis.
Ses yeux étaient maintenant secs d'avoir tant pleuré, et, dans ses cheveux, la petite mèche blanche qu'elle savait maintenant apparue lors de son inconscience, avait pris encore du terrain. Cette bande de blanc brisait étrangement la cascade d'ébène de sa chevelure, lui donnant une allure un peu surnaturelle.

Mais Iryah n'en avait cure.

Aujourd'hui, une fois encore, elle n'avait plus rien.
Pourtant, quelque part au fond de son coeur, elle savait déjà ce qu'elle devait faire. Ce qu'elle ferait. Il fallait qu'elle essaie, au moins une fois; qu'elle sache si tout était vraiment perdu, et si sa vie s'achevait avec le rêve qu'elle enterrait aujourd'hui.

Elle jeta un dernier regard à la masure, désormais vide, qui avait abrité ces quelques mois d'insouciance et de joie. Son coeur cesserait-il jamais de battre si douloureusement dans sa poitrine?
Un rire enfantin tinta doucement à ses oreilles tandis qu'elle se détourna et pris résolument la route de ce village... Saint-Aignan.
Là-bas, elle redeviendrait une citoyenne comme les autres, se fondant dans la masse. Là-bas, elle aurait des nouvelles de sa Bretagne, de son pays.
Mais elle savait qu'une part d'elle-même était morte ici, et demeurerait à jamais dans ces champs, quelque part dans le Berry...


C'est ainsi que s'achève le récit de la disparition d'Iryah d'Elune.
Peu de temps après, elle fit une discrète apparition dans le village de Saint-Aignan, s'acquitant silencieusement et discrètement de ses tâches, rassemblant des biens, des vivres et des fonds pour entamer le voyage vers l'ouest qui n'allait pas tarder à suivre.
Quelques semaines plus tard, l'annonce de la mort de Dame Nathan, figure bien connue d'elle car appartenant à ses souvenirs précieux, lui fit prendre conscience que le temps filait sans l'attendre, et qu'elle devait se presser : la Bretagne n'attendait pas.

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